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Aissatou Konaté Traoré

Une présentatrice qui ose et qui s’engage pour les autres !

Aissatou Konaté Traoré est une présentatrice et animatrice TV franco-malienne, un profil atypique qui a su s’imposer comme l’une des voix les plus représentatives des diasporas africaines dans la sphère médiatique. En poussant les murs et en offrant de la visibilité à d’autres talents, au gré de ses nombreuses expériences télévisuelles et événementielles en France et sur le continent africain.

En 2021, on l’a notamment vu endosser le costume d’animatrice sur Best Chef Africa, programme Orange Money Europe, mettant en avant la présence et l’influence de la gastronomie panafricaine en Europe. Celle qui aime se présenter comme parisienne et africaine, est aussi une entrepreneuse déterminée, qui aime relever de nouveaux challenges et multiplier les rencontres. Échange avec Aissatou Konaté Traoré, une présentatrice qui monte, qui ose et qui s’engage quotidiennement pour rapprocher les deux Continents.

Entrepreneuse

Pourquoi avez-vous choisi d’embrasser le métier de présentatrice / animatrice ? Quel parcours vous a mené vers cette carrière ?



Je n’ai jamais pensé ni même osé rêver un jour présenter des émissions télévisées ou des événements. L’oral a même longtemps été mon point faible ! (rire).



Pourtant après des études en commerce international à Paris, puis de business management et marketing international à New-York, et une première expérience dans le secteur médical, le destin m’a amenée à suivre une formation dans l’audiovisuel durant mon temps libre.



Je sais, c’est un peu étonnant mais l’audiovisuel ne m’a pas attiré parce que j’aspirais à la célébrité ou la télévision mais plutôt car mon métier m’imposait la prise de parole en public.
Et voilà comment commence mon aventure audiovisuelle… De fil en aiguille, ma formation à l’ACAD m’a menée sur les plateaux télévisés, de stagiaire à chroniqueuse, puis d’animatrice à productrice !



Parallèlement, je présente des événements dont les sujets varient : concours d’éloquence à l’Assemblée Nationale, la Nuit 1 et la Nuit 2 du Mali à Bercy, des événements pour la Francophonie, La journée de l’Afrique, des tables rondes sur l’entrepreneuriat ou encore des élections de Miss, etc.

Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer, depuis le début de votre carrière dans ce milieu ?



Il faut le dire, ce n’est pas un métier facile et la difficulté principale et plus encore lorsqu’on débute, est le manque d’opportunités et de perspectives d’évolution, notamment sur les grandes chaînes télévisées, ainsi que la difficulté à convenablement gagner sa vie.



Heureusement, grâce à la diversification de mes activités, j’ai pu élargir mon réseau de contacts, ce qui m’a permis d’intégrer des émissions pour Santé Publique France ou de nouer des partenariats avec de grandes marques comme Orange Money Europe.

Quels conseils donneriez-vous à de jeunes Africains ou Africaines qui veulent se lancer dans la même direction professionnelle que vous ?



Soyez confiants. Ça va changer. Sachez que, dans ce secteur, nous sommes beaucoup à préparer le terrain pour les plus jeunes générations. C’est une cause qui me tient particulièrement à cœur. Je ne souhaite pas que, dans quelques années, la jeunesse afrodescendante ait encore autant de mal à « percer ».



Dans cette optique, j’ai cofondé avec plusieurs entrepreneurs le Réseau des Entrepreneurs de la Diaspora Africaine (REDA) puis, souhaitant aller plus loin dans l’entraide, j’ai créé le Club de Soutiens Actifs et Solidaires où j’ai pu rencontrer des personnes aussi motivées que moi.



Notre rôle est de faire correctement passer le flambeau. Mais ça ne se fera pas tout seul bien sûr. Pour cela, il est important de se créer des réseaux, il faut référencer les forces vives et utiles, identifier les profils et les connecter.



Si je devais résumer ce qui me semble essentiel en 4 conseils : osez, rencontrez, innovez, excellez !

« Soyez confiants. Ça va changer.
Sachez que, dans ce secteur, nous sommes beaucoup à préparer le terrain pour les plus jeunes générations. »

Vous êtes la fondatrice de HeavenTrip (Welcome to Africa), première plateforme de réservation d’activités dédiée à l’Afrique.
Quelles ont été vos motivations pour lancer ce projet ?



J’ai d’abord eu la chance de beaucoup voyager. Et pour choisir une destination, internet est le premier réflexe. Cependant, je constatais à chaque fois la difficulté plus prononcée à trouver des informations dès lors que les recherches concernaient l’Afrique subsaharienne.



Ensuite, le tourisme est à mon sens le secteur le plus inclusif sur le continent. Lorsque le tourisme croit, l’impact ressenti est immédiat sur les populations et notamment sur les plus défavorisés, comme les vendeurs ambulants.

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L’objectif de cette plateforme est donc de mettre plus en avant des professionnels locaux permettant de découvrir l’Afrique de façon plus authentique avec des expériences locales plus dépaysantes que ce qu’on a l’habitude de voir.


Notre but c’est aussi de permettre à l’Occident de voyager en Afrique à travers des initiatives immersives, à l’instar de notre tour d’Afrique intitulé “Mon Beau Pays” en partenariat avec Orange Money Europe. Chaque mois, un pays d’Afrique est mis à l’honneur et à la fin de l’année, le pays qui aura su le mieux nous transporter remportera le concours.

Aviez-vous des craintes avant de vous lancer dans une carrière d’entrepreneur ?



Oui, énormément. Je me trouvais dans une situation dans laquelle j’avais un bon poste, avec de belles perspectives d’évolution. J’avais poursuivi les études nécessaires pour devenir une cadre internationale. Et finalement, faire le choix de l’entreprenariat était celui de tout abandonner pour entreprendre. Cela sous-entendait en premier lieu une baisse importante de mes revenus et beaucoup d’incertitudes. Heureusement, j’ai été très bien accompagnée dans cette aventure par mon époux et ma famille qui furent de véritables soutiens m’empêchant au mieux de baisser les bras.

S’entourer des bonnes personnes, et à tous les niveaux, est primordial pour avancer sereinement dans la vie.

Comment gérez-vous à la fois votre carrière d’entrepreneur et votre rôle de présentatrice ?



Tout simplement, je parviens à joindre mes deux activités en faisant en sorte qu’elles soient non seulement liées mais aussi qu’elles soient utiles l’une pour l’autre.

Qu’est-ce qu’un entrepreneur et quelles sont les qualités requises pour en devenir un aujourd’hui ?



Ma définition d’un entrepreneur, c’est une personne qui arrive à dépasser la peur de l’inconnu mais surtout la peur de l’échec animée par la ferme volonté d’être libre et qui ne souhaite pas mourir sans avoir essayé de réussir… c’est ma définition très personnelle !



Selon moi, les principales qualités qu’un entrepreneur doit posséder sont la détermination, la résilience ou encore les capacités d’organisation et d’adaptation.

Quels projets et valeurs défendez-vous au quotidien grâce à ce double rôle ?
Quels sont vos engagements en tant que présentatrice et influenceuse ?



Dans mes différents rôles, j’entretiens toujours cette volonté de mettre en avant ces héros du quotidien, ces gens qui font beaucoup pour les autres en silence, mais aussi ces talents à qui ils manquent ce petit coup de pouce pour briller.


Par ailleurs, j’essaie de promouvoir l’inclusion de tous, par tous. Je pense qu’il n’est pas utopique de croire en une société bienveillante. Il faut participer à sa construction, le plus possible, chacun à notre niveau.



Le plus important pour moi reste d’établir une proximité avec mon public, tout en restant une personne accessible. Par ailleurs, je me suis toujours imposée de présenter des sujets instructifs afin de faire en sorte que le temps que vous passerez à me regarder la télé vous soit bénéfique.

Quelle était votre carrière de rêve lorsque vous étiez enfant ?
Imaginiez-vous devenir qui vous êtes aujourd’hui, une entrepreneure accomplie et une présentatrice engagée ?


Au collège, ma professeure de français m’a demandé devant toute la classe ce que je souhaite faire plus tard. Je lui ai répondu sans aucun doute : “femme d’affaires, comme Jill Abbott dans les feux de l’amour” ce à quoi elle a rétorqué que ce n’était pas un métier, et qu’il fallait que je sois plus précise. Je me rappelle précisément de ce moment et de mon agacement, mais ce n’est que des années plus tard que j’ai compris le rôle déterminant de cette question dans mes choix. Grâce à cet épisode, j’ai su très tôt que je souhaitais évoluer dans le commerce international. Entrepreneure également, je l’ai su très tôt.



Par contre je n’ai jamais rêvé de devenir présentatrice. Pendant très longtemps, c’était même impensable au vu de ma timidité et de mes difficultés d’expression à l’oral. Il m’aura fallu attendre mon voyage aux Etats-Unis pour comprendre que mes lacunes n’étaient pas une fatalité, qu’avec du travail et de la volonté, je pouvais complètement changer.
J’appelle ça la mentalité « yes we can » !

Que retenez-vous de votre expérience d’animatrice de Best Chef Africa en 2021 ?
Pouvez-vous nous parler de cette expérience et de ce qu’elle vous a apporté personnellement ?


Ce fut une très belle expérience ! Je me suis régalée… gustativement mais aussi humainement ! Best Chef Africa est le premier concours de gastronomie africaine en Europe. Il a réuni de très talentueux chefs cuisiniers issus du continent africain et a permis de révéler au grand jour les cuisines locales et leurs spécificités.

De belles rencontres et partenariats ont vu le jour suite à ce concours, et c’est ce que je retiens. Les participants ont tout de suite compris que s’unir serait le moyen de faire rayonner les gastronomies africaines en Occident. Ce concours a simplement donné une belle leçon, en confirmant le dicton : « Seul on va vite, ensemble on va loin ».

Qu’avez-vous ressenti la première fois que vous avez présenté un événement ?


Mon premier passage télévisé fut catastrophique. Et pourtant, c’est cet échec qui m’a poussée à prendre ma revanche et finalement à aller plus loin que je ne l’aurais été si ma première expérience s’était avérée concluante. Se relever après avoir échoué demande tellement d’efforts, que je ne pouvais pas m’arrêter après avoir eu autant de difficultés. Alors j’ai continué et 10 ans plus tard je me dis toujours que je peux aller encore plus loin !

Jusqu’à aujourd’hui, quels moments de votre carrière vous ont le plus marqué et pourquoi ?


Le premier évènement que j’ai présenté à Bercy grâce à Dawala (surnommé Wati Boss, c’est le créateur du label Wati B qui produit le groupe Sexion d’Assaut), restera le moment incontournable et le plus marquant de ma carrière. Ce fut un événement magique durant lequel je me suis réalisée en tant que présentatrice, auprès des plus grandes stars du moment, devant près de 20 000 personnes et loin de la petite Aïssatou timide. Quelques minutes avant de monter sur scène, j’ai eu un petit moment de panique. J’étais tout simplement en train de réaliser que j’allais franchir une très grande étape de ma vie !



A côté de cela je retiens aussi par leur impact sur la scène nationale et internationale; mon échange en tant que journaliste avec le président E.Macron lors de la 6e conférence de restitution du Fonds mondial mais aussi ma rencontre avec Bill Gates, la modération de l’échange sur les GAFAM mis en place par la Francophonie, la présentation de la journée de l’Afrique avec Madame la ministre Elisabeth Moreno tout comme la présentation de la Fashion week de Ouagadougou.



Et enfin sans hésitation, les concours annuels d’éloquence des jeunes à l’Assemblée Nationale mis en place par Mme Haidara.

Quelles motivations vous ont poussé à devenir une ambassadrice des diasporas ?



La France a une histoire commune avec plusieurs pays d’Afrique. Ce lien est et sera toujours présent à travers la diaspora, qui joue le rôle de trait d’union. Les diasporas ont clairement enrichi la France, l’un des pays avec l’une des plus belles diversités culturelles au monde. La diaspora participe au rayonnement mondial de la France et dans plusieurs domaines, d’autant plus qu’elle est très active. En Ile-de-France, il ne se passe pas un jour sans un événement en lien avec le continent africain.

À côté de cela, j’ai été stupéfaite par le nombre d’entrepreneurs de la diaspora qui nous contactent pour promouvoir leur activité. La diaspora entreprend et participe pleinement au développement économique de notre pays. Ayant vécu aux Etats-Unis, je trouve que la diaspora africaine en France est bien plus engagée, innovante et même solidaire que là-bas.

On est aussi plus désireux de maintenir le lien avec les familles restées au pays. On voit que beaucoup y entreprennent ou souhaitent y entreprendre, c’est une dynamique positive.

On vous retrouve tous les mois sur l’agenda des diasporas que vous animez. De quoi s’agit-il exactement ?
Parlez-nous de votre collaboration avec Orange Money Europe sur ce projet.



En France, les événements en lien avec le continent africain sont nombreux et divers. Toutefois, en plus du manque de visibilité, il reste parfois compliqué d’avoir les informations des événements culturels potentiellement intéressants, car ces informations sont éparpillées. Voilà pourquoi l’agenda des diasporas a vu le jour. Tous les mois sur la page Facebook et du site web d’Orange Money Europe, il est dorénavant possible de retrouver les événements immanquables du mois, avec toutes les informations pratiques.



C’est une très belle initiative, qui profite à tous et à laquelle j’ai tout de suite adhéré. Grâce à cet agenda, les organisateurs gagnent en visibilité pendant que, dans l’autre sens, ceux qui souhaitent sortir sont en possession de toutes les informations, qu’ils peuvent retrouver à un seul et même endroit.

Qu’avez-vous appris de vos différentes expériences à l’international, entre Paris, New York et différents pays d’Afrique ?


C’est une chance de pouvoir voyager et quand on le peut, il faut voyager. Je parcours et visite les différents continents depuis très jeune. Partir à l’aventure, découvrir d’autres cultures, d’autres modes de vie, vivre les réalités des habitants de différentes parties du monde, cela m’a clairement enrichie. Voyager m’a permis d’acquérir une certaine maturité, de relativiser, d’apprécier pleinement la vie, de prioriser mes objectifs et surtout de développer l’empathie, cette capacité à comprendre et à se mettre à la place des autres.

Etant née en France, comment représentez-vous au quotidien vos différentes cultures ?



Je représente mes différentes cultures en étant simplement moi-même. La France et mon continent d’origine cohabitent en moi, en totale harmonie. J’ai la chance de pouvoir avoir plusieurs regards, de comparer, de choisir, de nuancer, d’adapter à ma guise et en toute légitimité, car je suis à la fois d’ici et de là-bas. Je n’ai pas à choisir entre le fromage et le mafé, ils me représentent tous les deux et surtout j’aime les deux.


Les différentes cultures qui font qui je suis m’ont poussée à créer l’association « Tous In », accompagnée du projet d’émission de télévision du même nom. Son thème porte sur la promotion de l’inclusion, qu’elle soit culturelle, ethnique, d’âge, liée au handicap, etc. Le monde a besoin de voir, d’affirmer et d’assumer que le plus beau modèle de société demeure celui qui accepte chacun d’entre nous, tel qu’il est. Nous sommes « Tous In » !